Semaine de quatre jours en entreprise : avantages et inconvénients, on fait le point.

Le débat sur l’organisation du temps de travail refait surface. En cause : la période post-confinements qui a amené de nombreux salariés à s’interroger sur l’équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle. Du côté des entreprises, le déclencheur est lié aux difficultés de recrutement rencontrées dans certains secteurs d’activité.

Avantages et risques de la semaine de 4 jours en entreprise

La semaine de quatre jours est-elle une idée neuve ?

Non, la semaine de quatre jours n’est pas une innovation. Déjà en 1996, la Loi Robien sur l’aménagement du temps de travail permettait aux entreprises de conclure des accords de réduction de temps travail, y compris en ayant recours à la semaine de quatre jours, soit pour effectuer de nouvelles embauches, soit pour éviter un plan de licenciement. Mais à partir de 2002, le passage obligatoire aux 35 heures de travail hebdomadaire (également motivé par la lutte contre le chômage) a rendu caducs la plupart des accords préalables.

 

Pourquoi le débat sur la semaine des quatre jours resurgit-il dans certaines branches professionnelles et dans les médias ?

Sans doute est-ce une conséquence de l’expérience des confinements liés à la pandémie de Covid : contraints de rester chez eux de longues semaines, les salariés ont eu tout le loisir de s’interroger sur les équilibres entre vie personnelle et vie professionnelle et sur le sens de leur investissement dans leur entreprise.

Depuis cette période atypique, le télétravail fait désormais partie du paysage dans beaucoup d’entreprises, hormis celles dans lesquelles le travail à distance n’est pas possible. La semaine de quatre jours peut alors apparaître pour certains comme une sorte de compensation.

 

Un essai réussi de la semaine de quatre jours en Grande-Bretagne

De juin à décembre 2022, 61 entreprises britanniques – de taille et de secteurs différents – ont expérimenté à grande échelle la semaine de quatre jours. Près de 3 000 salariés ont travaillé à salaire égal un jour de moins par semaine. Le bilan publié en février 2023 paraît plutôt convaincant : les entreprises enregistrent une progression de 35 % de leur chiffre d’affaires à période comparable dans les dernières années. Le nombre de démissions a baissé de 57 % pendant l’expérience.

 

La semaine de quatre jours en Europe et ailleurs

Le pays précurseur de la semaine de quatre jours en Europe est l’Islande qui, dès 2015, a lancé un programme pilote de quatre ans avec plus de 1% de la population. L’objectif étant de réduire la semaine de travail de 40 heures à 35-36 heures, sans réduction de salaire. Là aussi, les résultats sont plutôt positifs, sauf pour les cadres qui, pour beaucoup, ne sont pas parvenus à réellement diminuer leur temps de travail.

Mais la mise en place de la semaine de quatre jours n’implique pas forcément une réduction du temps de travail. D’autres dispositifs peuvent être imaginés. En Belgique depuis 2022, la loi permet aux salariés qui en font la demande expresse d’effectuer leur temps de travail hebdomadaire (38 à 40 heures, selon les branches professionnelles) sur quatre journées.

 

La semaine de quatre jours pour attirer et fidéliser les collaborateurs

Du côté des employeurs, la formule de la semaine de quatre jours intéresse principalement dans les secteurs en tension. Dans la restauration, par exemple, les témoignages commencent à se multiplier de chefs qui ont décidé d’améliorer la qualité de vie de leurs salariés pour recruter et fidéliser plus facilement. Ainsi, Manuel Nunez, jeune chef agenais de 32 ans explique simplement : « Il y en déjà deux ou trois qui s'y sont mis, ça à l'air de fonctionner, alors j'ai dit go, on y va »*. Grand bien lui en a pris puisque depuis que Manuel Nunez a adopté la formule, il a pu recruter un salarié supplémentaire, et ouvrir son restaurant sept jours sur sept.

 

Les risques psychosociaux liés à la semaine de quatre jours

Quand la semaine de quatre jours n’est pas accompagnée d’une réduction du temps de travail, cela implique des journées plus longues et de la fatigue supplémentaire. C’est pourquoi la chercheuse en management des ressources humaines, Caroline Diard**, n’écarte pas qu’il puisse y avoir des risques psychosociaux à la clé. Autre inquiétude déjà soulevée par les effets non désirés du télétravail : le risque de dissolution du lien avec l’équipe. Logiquement, la semaine de quatre jours implique moins de présence simultanée de tous les salariés. Or une entreprise, ce sont avant tout des êtres humains qui travaillent ensemble. Il est donc important d’installer des rituels ou des dispositifs qui recréent du collectif afin que chacun puisse ressentir son appartenance au groupe.

 

Utiliser l’intéressement pour réussir le passage de son entreprise à la semaine de quatre jours

Vous pouvez utiliser le dispositif de l’intéressement pour contribuer à souder vos équipes et à réussir votre réorganisation du travail sur quatre jours hebdomadaires. En effet, l'intéressement est un dispositif d'épargne salariale lié à des performances de l’entreprise qui ne sont pas nécessairement des résultats purement financiers. Par exemple, il est possible de lier les primes d’intéressement à des gains de productivité en vue de modifier l’organisation des horaires. Toutefois pour être recevable, un accord d’intéressement doit respecter un certain nombre de règles. N’hésitez pas à interroger votre conseiller Epsens pour peaufiner votre projet.

 

 

* https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/lot-et-garonne/agen/crise-de-la-main-d-oeuvre-un-jeune-restaurateur-organise-la-semaine-de-4-jours-pour-ses-salaries-2635328.html

** https://www.lesechos.fr/idees-debats/leadership-management/semaine-de-4-jours-un-progres-vraiment-1890226